AISP

Avez-vous déjà entendu parler d’AISP dans le monde de la finance digitale ou de la banque ouverte ?
Cet acronyme, un peu mystérieux pour le grand public, joue pourtant un rôle crucial dans l’écosystème de l’open banking. Dans un environnement bancaire de plus en plus transparent et centré sur l'utilisateur, comprendre ce qu'est un AISP et comment il fonctionne peut transformer votre vision de la gestion financière en ligne.
Cet article va explorer en profondeur les différents aspects des AISP, leur définition, leur rôle dans la chaîne de valeur bancaire, leur fonctionnement, leurs avantages et leurs limites.
Définition de l’AISP
Un AISP (Account Information Service Provider), ou Prestataire de Services d’Information sur les Comptes, est un acteur agréé par l’ACPR (en France) ou l’équivalent européen, qui peut accéder aux informations des comptes bancaires d’un utilisateur, avec son consentement explicite.
L’objectif ? Consolider ces données en une interface unique pour offrir une vue globale de la situation financière d’un client. Ces prestataires ne détiennent pas de fonds ni n’initient de paiements. Ils collectent, agrègent et analysent les données pour offrir des services à forte valeur ajoutée (budget, scoring, conseil, etc.).
Types d’usages des AISP
Les AISP peuvent proposer différents types de services selon leur positionnement.
Agrégateur de comptes
Ils permettent à un utilisateur de consulter en un seul coup d'œil l’ensemble de ses comptes bancaires, même s’ils sont répartis entre plusieurs établissements (ex. : Linxo, Bankin’, Budget Insight).
Cela facilite la gestion quotidienne et donne une meilleure visibilité sur les finances.
Analyse comportementale ou scoring
Les AISP peuvent aussi analyser l’historique des transactions pour produire un score de solvabilité, utile pour accorder un crédit ou proposer un financement.
C’est notamment utilisé dans les modèles de BNPL (Buy Now Pay Later) ou dans les fintechs de crédit.
Services B2B
Certaines plateformes AISP offrent leurs APIs à d'autres acteurs : fintechs, banques, assureurs, etc., pour intégrer des données bancaires dans leurs propres services (ex. : Budget Insight, Powens).
Comment fonctionne un AISP ?
Le fonctionnement d’un AISP repose sur le consentement explicite du client et sur une infrastructure technique sécurisée reposant sur les normes PSD2 et Open Banking :
- Consentement utilisateur
Le client donne son autorisation à l’AISP pour accéder à ses comptes, généralement via une interface dédiée sécurisée. - Connexion aux banques via API
L’AISP utilise les API des banques pour collecter les données des comptes, conformément aux normes techniques imposées par la DSP2. - Agrégation des données
Les informations sont centralisées, triées et classifiées (ex. : revenus, dépenses fixes, abonnements, etc.). - Analyse ou affichage
L’AISP peut ensuite restituer ces données sous forme de tableaux, graphiques, scoring, conseils personnalisés ou tableaux de bord.
Avantages des AISP
Pour les utilisateurs
- Vision centralisée de toutes ses finances (multi-comptes, multi-banques)
- Automatisation des tâches (suivi de budget, alertes de dépenses)
- Accès facilité au crédit, grâce au partage des données avec les prêteurs
Pour les professionnels
- Accès à la donnée bancaire enrichie, sans passer par une banque
- Amélioration de l’expérience client dans les apps financières
- Réduction du risque via l’analyse comportementale
Limitations des AISP
Même si leur valeur ajoutée est réelle, les AISP ne sont pas exempts de contraintes.
Dépendance aux API bancaires
Leur efficacité repose sur la qualité et la disponibilité des API fournies par les banques. Toute indisponibilité ou latence peut nuire à l’expérience utilisateur.
Confiance et adoption
Le grand public est encore méfiant à l’idée de partager ses données bancaires, même avec un prestataire agréé.
Pas de fonction de paiement
Les AISP ne peuvent ni initier, ni recevoir des paiements. Ils sont donc dépendants d’autres acteurs pour une offre complète.
AISP en pratique
Cas d’usage par secteur
- Fintechs personnelles : Linxo, Bankin’, Nalo
- Crédit & financement : October, Younited Credit, Alma
- Banques ou néobanques : Revolut, Lydia, Qonto
- API et agrégation bancaire : Budget Insight, Powens, Tink
Mise en œuvre technique
- Agréments obligatoires : L’AISP doit être agréé auprès de l’ACPR ou de l’EBA selon les pays
- Infrastructure API : Connexion via des API REST standardisées
- Cybersécurité : Conformité RGPD, chiffrement des données, logs de consentement
L’avenir des AISP
Montée en puissance avec l’open finance
Alors que l’open banking devient la norme, les AISP vont jouer un rôle de plus en plus stratégique.
L’ouverture vers l’assurance, l’épargne ou les investissements donnera naissance à l’open finance, où les données financières circuleront librement, sous contrôle de l’utilisateur.
Interopérabilité européenne
L’harmonisation des API via des standards comme Berlin Group ou STET permet d’espérer une expérience fluide à l’échelle européenne.
Nouveaux modèles de monétisation
Les AISP vont aussi innover en matière de revenus, avec des offres premium pour les utilisateurs finaux, ou du B2B à la demande pour les entreprises.
En comprenant le rôle des AISP dans la chaîne de valeur de l’open banking, vous êtes mieux préparé à exploiter leur potentiel, que vous soyez utilisateur, développeur, fintech ou acteur du crédit.
Les AISP ne sont pas seulement des agrégateurs de comptes : ce sont des facilitateurs de services financiers intelligents, à la croisée de la data, de la réglementation et de l’innovation.