IC++

Avez-vous déjà entendu parler de IC++ dans l’univers des paiements par carte bancaire ?
Ce terme, souvent méconnu du grand public mais central pour les professionnels du secteur, joue un rôle clé dans la formation des commissions interbancaires appliquées aux transactions. Dans un monde où chaque centime compte, notamment pour les commerçants et les établissements financiers, comprendre ce qu’est le IC++ peut profondément influencer les décisions stratégiques en matière de frais de paiement. Cet article vous propose d’explorer ce concept en profondeur, son fonctionnement, ses composantes, ses implications économiques et ses enjeux futurs.
Définition de IC++
Le terme IC++ signifie Interchange ++. Il désigne une méthode de tarification utilisée par les acquéreurs pour facturer les commerçants lorsqu’ils traitent des paiements par carte. Cette méthode détaille de manière transparente trois composantes distinctes du coût d’une transaction :
- IC (Interchange Fee) : La commission interbancaire reversée à la banque du porteur de carte.
- Scheme Fee (ou marque) : La redevance versée aux réseaux de cartes (Visa, Mastercard…).
- Acquirer Margin (ou “++”) : La marge ajoutée par l’acquéreur, c’est-à-dire le prestataire du commerçant.
Ce modèle est réputé pour sa transparence car il permet aux marchands de connaître exactement la répartition des frais.
Composantes du IC++
1. Commission d’interchange (IC)
Fixée par les réseaux (Visa, Mastercard…) et régulée en Europe (règlement 2015/751), elle est généralement de 0,2 % pour les cartes de débit et 0,3 % pour les cartes de crédit émises en Europe. Elle rémunère la banque du consommateur pour la gestion du compte, les risques et les services associés.
2. Frais de schéma (Scheme Fee)
C’est une commission perçue par le réseau de carte pour l’utilisation de son infrastructure, sa technologie, sa sécurité et ses services (disputes, compliance, etc.). Elle varie selon la région, le type de carte, le canal de paiement (e-commerce ou présentiel) et l’accord commercial.
3. Marge acquéreur (++)
C’est la seule partie réellement négociable. Elle représente la marge commerciale du prestataire d’acquisition (PSP ou banque acquéreur) et couvre ses coûts d’opérations, de risque, de service client et de rentabilité.
Comment fonctionne le modèle IC++ ?
Lorsque vous utilisez une carte de paiement en boutique ou en ligne, voici ce qu’il se passe :
- Le client paye avec sa carte bancaire.
- La transaction est traitée par l’acquéreur (ex. Worldline, Payplug, Stripe).
- L’acquéreur reverse la commission d’interchange à la banque émettrice.
- Il paye aussi le scheme fee à Visa, Mastercard ou autre réseau.
- Enfin, il prélève sa marge et facture le commerçant avec une transparence totale sur ces trois éléments.
Ce modèle s’oppose au modèle blended, qui propose un taux global unique, souvent moins lisible et moins favorable pour les gros volumes.
Avantages du modèle IC++
- ✅ Transparence tarifaire : permet de comprendre précisément où va chaque euro payé en frais.
- ✅ Optimisation des coûts : les gros commerçants peuvent adapter leurs volumes selon les cartes utilisées.
- ✅ Adaptabilité aux volumes : plus vous avez de transactions avec des cartes bon marché (débit domestique), plus votre coût réel diminue.
- ✅ Favorise la négociation : permet de challenger l’acquéreur uniquement sur sa marge.
Limites du modèle IC++
- ❌ Complexité de lecture : nécessite des outils ou des experts pour analyser les flux en détail.
- ❌ Variabilité des coûts : les tarifs changent selon la carte, le pays, le canal, etc.
- ❌ Moins adapté aux petits commerçants : pour de faibles volumes, un taux fixe simplifié est parfois plus avantageux.
IC++ en pratique : cas d’usage
Les grands marchands, marketplaces et acteurs e-commerce à fort volume utilisent presque systématiquement ce modèle pour optimiser leurs marges :
- Amazon, Airbnb, Uber, ou Veepee négocient avec plusieurs acquéreurs sur un modèle IC++ multi-devise.
- PSP comme Adyen, Checkout.com, Stripe, Worldpay ou Lemonway proposent des tarifications IC++ pour leurs clients stratégiques.
Mise en œuvre et suivi
Pour bénéficier pleinement du IC++, les entreprises doivent :
- Analyser leur mix carte (débit/crédit, domestique/international).
- Comparer les offres acquéreurs avec transparence.
- Mettre en place un reporting IC++ via des outils comme CMSPI ou Optimise.
- Négocier la marge avec leur PSP.
L’avenir du IC++
À mesure que les réglementations européennes évoluent et que l’Open Banking redéfinit les modèles économiques, le IC++ continue de s’imposer comme un standard dans le retail et l’e-commerce. L’arrivée de nouveaux moyens de paiement (virement instantané, wallets, Buy Now Pay Later…) pourrait cependant challenger ce modèle dans les prochaines années.
En comprenant ce qu’est le IC++, vous devenez acteur de votre stratégie de paiement. Derrière chaque commission se cache une mécanique précise, et maîtriser ce modèle peut transformer un poste de coût en levier de rentabilité. Chez Komission.fr, nous accompagnons les commerçants à décrypter ces modèles pour mieux négocier.